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Histoire du Mazet-Saint-Voy
5 février 2008

Albert Marion, une école du Plateau en 1914

Albert Marion commença comme instituteur et devint inspecteur. Il a écrit un beau livre de souvenirs, merveilleusement mis en page, d'où j’extrais les lignes suivantes.

Ici il décrit l’école primaire d’un village du plateau Velay-Lignon (Haute-Loire) aux environs de 1914. Ce texte a été rédigé peu après Mai 1968. On y sent son amertume face à la "pédagogie moderne".

larchou1« Il ne fallait pas perdre de temps car le maître préparait au concours de l’Ecole Normale d’Instituteurs, au Brevet Elémentaire et au Certificat d’Etudes. Cela peut paraître une gageure. Et pourtant les résultats prouvent que le système n’était pas sans avantages : une centaine d’instituteurs issus de ce petit Cours complémentaire, des postiers, des cheminots et bien d’autres dans des professions bien diverses témoignent d’une réussite exceptionnelle. On peut l’attribuer, d’abord, à une émulation de bon aloi que le maître savait entretenir et qui, bien que condamnée aujourd’hui par la pédagogie dite moderne, est un stimulant irremplaçable. Et puis je pense que les grands avaient la possibilité de consolider leurs connaissances de base en écoutant les leçons du cours moyen ; alors que les plus jeunes, pour peu qu’ils aient de curiosité de vivacité d’esprit, entendaient et retenaient ce qui était dit à leurs aînés ; aussi bien certains étaient-ils du niveau du Brevet, dès l’âge de 14 ans, c’est-à-dire avec au moins une année d’avance et sans qu’il fût jamais question de ce surmenage dont on nous rebat les oreilles aujourd’hui à longueur d’année scolaire » (page 15).

« Pourtant l’excellence des méthodes ne me paraît pas expliquer complètement les succès d’un tel enseignement. L’explication profonde, je crois la trouver dans le texte d’une dictée que je lis dans mon cahier mensuel, à la date du 7 novembre 1917. Elle est intitulée "La pensée du maître" et exprime, j’en suis sûr, la pensée de M. Ruel : "Enfants, vous êtes ma jeune famille, ma famille d’adoption qui tous les ans se renouvelle. Rassemblés aujourd’hui autour de moi, vous vous disperserez pour la plupart à la fin de l’année. Vous ne savez pas assez, chers enfants confiés à mes soins, combien votre maître vous aime. J’aime en vous vos familles dont vous êtes la joie, j’aime en vous votre patrie dont vous êtes l’espoir." » (page 17).

« Nous n’étions pas cependant les enfants martyrs, surmenés et sans joie, que les théoriciens de la pédagogie actuelle dépeignent comme les lamentables produits de l’éducation d’hier. D’abord, notre maître aimait les plaisanteries, les siennes et celles des autres. Quand elles étaient bonnes, il se renversait en arrière et de sa bouche grande ouverte s’échappait un rire haut et clair qui avait quelque chose d’enfantin » (page 18).

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