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Histoire du Mazet-Saint-Voy
27 juin 2011

Olivier de Serres et le vin

 

Olivier de Serres (1539-1619)

Théâtre d’agriculture et mesnage des champs.

SUR  LA VIGNE ET LE VIN (Troisième Liev)

"Après le pain, vient le vin, 'second aliment donné par le Créateur à l'entretien de cette vie, et le premier célébré pour son excellence. Il est employé, non 'seulement au vivre des hommes, mais aussi à la guérison de plusieurs maladies, avec admiration, par la valeur de ses effets. Car il échauffe le corps; mis en dedans par la bouche, et le refroidit, appliqué par dehors en cataplasme ou en petite quantité, il éveille et fait revivre celui qui, par défaillance de coeur, se meurt, et, en grande, endort et tire l'ivrogne : devenant instrument de toute intempérance, par ceux qui, dissolûment, en abusent; et, au contraire, aiguisant l'esprit, pris selon son légitime usage. Ces choses s'accordent au dire d'Anacharsis que la vigne produit trois grappes, la première de plaisir, la seconde d'ivrognerie, la troisième de tristesse et de pleurs. Le vin a été de tout temps en grande réputation, comme il se prouve par divers témoignages : même par la dispute des trois jeunes hommes de la cour du Roi CYRUS qui mirent le vin en rang avec les deux autres grandes choses du monde, à savoir le Roi et les femmes

Dieu, pourvoyant à la nécessité et à la volupté de l'homme, lui a donné tant de sortes de raisins différents en figure, couleur et saveur; que la contemplation en est admirable et le récit impossible, tant la variété de ce fruit est grande.

A la recommandation de la vigne tend aussi le testament de celui qui, partageant son bien entre ses deux fils, en donna à l'aîné, bon mesnager et diligent, la partie la plus facile à conduire, comme rentes, prairies, pâturages; et, à l'autre, jeune homme débauché et paresseux, celle où était nécessaire le plus de labour, qui était une belle et grande vigne. De quoi celui-ci se plaignant, supplie son père réformant sa disposition, l'approprier à l'humeur de ses enfants. Mais aussitôt cessa-t-il sa poursuite que le père lui dit que, dans sa vigne, il y avait un trésor caché, lequel, infailliblement, avec patient labeur, il trouverait à son grand profit. Le père décède. Incontinent, le jeune homme se mit à la quête de son trésor et tant fouilla sa vigne, par profonds et retirés bêchements et houements, que, dans quelques années, elle se rendit très fertile, rapportant des vins en toute extrêmité d'abondance qui était le trésor entendu par bon père.

Dont le fils, devenu riche, pour double bien, se rendit diligent au travail, par habitude, oubliant sa précédente fainéantise et débauche..."

Tiré de Maurice Boulle, Olivier de Serres, Etudes drômoises n°3/4 1984, page 3.

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